“Partir quelque part pour échapper aux obligations
et aux habitudes de la vie quotidienne”
Bernard Waeber, un quidam parmi les poètes. Un professeur de médecine à la retraite qui se met à écrire ce qui lui passe par la tête. Il prend plaisir à exprimer ce qu’il ressent avec le recul de l’âge. L’être humain est au centre de ses préoccupations, avec l’amour, la vie et la mort comme toile de fond. On reconnaît le poète à son émerveillement devant la nature et à la richesse des images dans son écriture. Il perçoit souvent ce qui l’entoure avec un brin d’humour, une manière d’accepter les bons et les mauvais côtés de la vieillesse. Il donne aussi la parole à l’enfant qui veille en lui depuis toujours.
Voici quelques extraits, prochainement publiés.
il y a des souvenirs
marqués au fer rouge
certains saignent sans jamais
se vider de leur sang
***
la mer s’est retirée ce matin
pour laisser les vagues
jouer aux dés sur la plage
un lancer de coquillages
***
la mémoire de l’eau
retrouve le chemin
de la mer et des larmes
quoi que l’on fasse
L’arbre à souvenirs
Je suis l’arbre dans ton jardin,
celui qui prend racine dans le ciel
et cherche sa source dans les nuages.
J’aime quand le soleil passe ses doigts
dans ma chevelure d’été
et que le vent me coiffe et me décoiffe.
Je fais des gammes avec les oiseaux
et le monde se noie dans le silence
quand je chante trop et perds ma voix.
J’ai des rides comme un vieil homme
mais suis toujours aussi jeune que le chat
qui s’amuse dans mes branches.
Couverture: Bernard Waeber
Poèmes
Le poète a, dans sa vie, beaucoup vu et entendu. Il souhaite partager son expérience, ses doutes, ses certitudes et ses espoirs quand au devenir de l’humain. Il profite aussi de faire vivre la nature qu’il aime tant.
Le chemin du poème
un poème vraiment
ces mots
qui se promènent nus
à travers les pages et les nuages
avec un baluchon ouvert à tous
ces mots
qui refusent de marcher au pas
et brassent les cartes de la vie
de l’univers et de ses environs
ces mots
sur les traces d’une vérité
qu’ils inventent en chemin
L’exil
au milieu de la mer
un enfant pleure
des larmes tellement lourdes
qu’elles s’enfoncent dans l’eau
telle une pierre lestée
de souvenirs mort-nés
comme seul horizon
des vagues et des vagues
qui se noient dans l’azur
c’est un enfant de la guerre
plus faible et plus fort
que tous les garçons et filles
de son âge
Edition des Sables 2023 / Collection “Rose des Sables”
Peintures-gravures de Sandro Godel
8 Poèmes et gravures
Bernard Waeber et son ami Sandro Godel, le poète et le peintre, partagent dans ce livre d’artiste leur vision d’un monde dans lequel mots et images se parlent dans un langage qu’ils inventent pour leur plaisir.
Edition 2023
Peintures-gravures de Sandro Godel
Dépliant de 8 Poèmes et gravures
Un petit poème de Bernard Waeber se promène avec le peintre Sandro Godel dans un jardin qui traverse le temps.
Edition 2023
Peintures-gravures de Sandro Godel
12 Poèmes et gravures
Réunis dans un coffret d’artiste, un poète et un peintre-graveur se parlent. L’obscurité et la lumière pour le poète, le noir et le blanc pour le peintre, un clair-obscur qui emmène l’imagination là où elle prend plaisir à se perdre.
Un grand merci à mon ami Sandro Godel qui a su m’ouvrir des portes et des fenêtres grâce à ses gravures.
j’ai regardé le soleil grandir
sur les murs de la rue
il cherchait partout
de l’ombre où se reposer
***
je lis chaque jour
des non-dits sur les lèvres
il y en a tellement
de quoi faire un beau sourire
***
il y a dans l’au-delà
une boîte noirs à souvenirs
il faut en forger la clé sur terre
avec le feu et le fer des passions
Edition Le Cadratin
Couverture: Bernard Waeber
Poèmes
A toi, toi et toi qui partage ce monde avec moi
A l’étal aujourd’hui le monde en vrac, l’être humain et la nature et tout ce qui les lie. Une école de vie basée sur l’expérience et l’imagination.
Ici ou ailleurs
pourquoi pourquoi
suis-je né ici et non pas ailleurs
la question s’enlise
en toute bonne foi
comment le savoir
quelqu’un a mis les scellés
sur une réponse qui n’existe pas
ici ou ailleurs
la même couleur du sang
***
Un autre monde
un enfant joue avec ses ailes
se bat contre le ciel
derrière un bouclier de rires
des gouttes de sang
tombent sur des coquelicots
le bouquet du vainqueur
je reconnais cet enfant
son regard qui porte le monde
dans un autre monde
***
Dans ma tête
un vide à combler chaque jour
une équation à résoudre
avec des milliers d’inconnues
en vrac dans ma tête
des points d’interrogation
des allées et venues
de questions réponses
des additions soustractions
de points positifs et négatifs
qui se multiplient sans fin
mais rien ne sert de calculer
le temps s’en charge
avec ses propres règles
Edition des Sables 2022 / Collection “Rose des Sables”
Peintures de Sandro Godel
Poèmes et peintures
A Marie-Françoise, Virginie, Céline et toutes les femmes.
Des poèmes et des peintures pour célébrer la femme, ceci avec des mots et des illustrations de connivence, ceci pour lui donner la place qu’elle mérite dans notre vie. Quelques traits, un peu de couleur, et la femme est là, éblouissante, avec la force immanente de ses formes.
Mes remerciements à mon ami Sandro Godel qui m’a accompagné avec bonheur dans ce voyage auprès de la femme.
un passe-partout
pour traverser la vie
le soleil jour et nuit
tout autour de soi
pas d’angles morts
le fond des cœurs
en ligne de mire
entre le corps et l’esprit
un chassé-croisé
un tour de passe-passe
comme dans l’amour
***
mon ordinateur
ouvre une fenêtre
j’y passe la tête
se décline alors
une vie binaire
c’est oui ou non
vrai ou faux
le jour ou la nuit
l’amour ou la haine
des rires ou des pleurs
la vie ou la mort
c’est un ou deux
rien de plus
rien de moins
mais pour toi et moi
la vie binaire
c’est du blanc et du noir
qui prennent toutes les couleurs
***
femme femme
qui es-tu
tu es partout chez toi
tellement présente
qu’on ne te voit pas
tu es la reine
de toutes les fourmilières
un reine de Saba
le jour dans la nuit
le miroir du monde
en trois dimensions
et pour l’homme
un sixième sens
Edition des Sables 2022 / Collection “Rose des Sables”
Couverture: Noël Aeby
Poèmes
A mes petits-enfants Ava et Camille
Un point d’ancrage est ici l’expression d’un attachement très fort à la vie, à l’amour et aux liens privilégiés qui unissent l’homme à ce qui les entoure.
SMS
au sommet de la montagne
une antenne brillante
un clou dans le ciel
des ondes emportées
par les nuages
ni vu ni connu
pas de pigeons voyageurs
mais seulement des messages
qui pleuvent sans qu’on les voie
comme des rayons de soleil
***
Le feu aux doigts
douce douce
la peau des femmes
le velours de l’amour
douce douce
la peau des femmes
le feu au bout des doigts
douce douce
la mer au soleil
pendant la tempête
***
Souvenirs en feu
feu
au feu
ma chambre brûle
avec mes souvenirs
il faut retrouver
la boîte noire
lui donner asile
dans un coin
de ma tête
les flammes
perdent rapidement
la mémoire
Edition des Sables 2021 / Collection “Rose des Sables”
Photographie de Noël Aeby
Poèmes
Deux poètes, l’un avec des mots et l’autre des images, ont accordé leur instrument pour réveiller notre imaginaire. Une manière de partager des impressions sur le déroulé de la vie, ses questionnements et ses tentatives de réponses.
Un tout grand merci à mon ami Noël Aeby et à ses photographies qui parlent mieux que des mots.
Les enfants du monde
vous les enfants du monde
où irez-vous quand vous serez grands
dans les forêts qui rétrécissent
sous les coups de poignards géants
plus vite que vos vêtements
sur les vagues des océans
qui digèrent amèrement
le plastique de vos anciens jouets
au sommet des montagnes
où le vent siffle jour et nuit
sur les dernières bulles d’oxygène
vous les enfants du monde
connaîtrez-vous autre chose
que le gaz des voitures
qui fait tousser les villes
autre chose que le bruit
qui brasse l’air impunément
jusqu’au fond des maisons
vous les enfants du monde
où irez-vous quand vous serez grands
***
La feuille
cette feuille qui tremble
à l’appel de l’automne
hésite à s’en aller
au bon vouloir du vent
soit trop lourde ou trop légère
pour vivre entre ciel et terre
elle craint de quitter
l’arbre qui l’a vue naître
cette feuille
je la reconnaîtrais entre mille
tellement elle me ressemble
***
Demain et après-demain
vous les morts de demain
rebellez-vous
tout ce qui est
tout ce qui passe
tout vous appartient
du début à la fin
refusez de mourir
sans la garantie
d’un après-demain
Edition Le Cadratin 2021
Illustration: Dominique Bersier
Poèmes
A Marie-Françoise
Nous vivons tous sur un quai, dans l’attente de quelqu’un ou de quelque chose. Un quai de vie sur lequel l’enfance, l’amour et la vieillesse prennent une place prépondérante.
Le doute
ce doute qui lézarde ma vie
de noir et de blanc
se promène nu et sans gêne
en gonflant ses muscles
que faut-il en faire
le garder dans mon encrier
ou le jeter à la mer
qu’il puisse dériver à jamais
par tous les temps
sur les vagues qui l’ont vu naître
***
L’automne
l’automne avance à reculons
le dos au mur de l’hiver
il compte les feuilles prêtes à tomber
comme moi les jours qui me restent
mais voilà qu’il se retourne
car le compte est bon
qui s’en souviendra demain
quand les arbres nus
auront les bras en croix
***
La vitrine du temps
dans la vitrine du temps
tout est bon à prendre
les pierres polies
sur le chemin des souvenirs
les fleurs éparpillées
dans les cascades du présent
et les jouets de la vie
glissant un pied
dans la porte du futur
dans la vitrine du temps
le corps et l’esprit
portent les mêmes habits
trop grands quelquefois
mais souvent trop petits
Edition des Sables 2020 / Collection “Rose des Sables”
Couverture: Moncharabi, Michel Schmidt
Poèmes
A Marie-Françoise
Voilà un questionnement sur la vie et la mort, sur le temps qui passe, la mémoire, le destin, le bien et le mal, sur les plages mouvantes des jours et des nuits.
un jour
je suivrai une étoile filante
jusqu’aux limbes de l’univers
là où se séparent pour l’éternité
le paradis et l’enfer
las de vivre ensemble
sur la terre
***
le soleil au firmament
que cherche-t-il chaque jour
en faisant le tour du monde
un coin d’ombre
dans le labyrinthe d’une forêt
ou plutôt un autre soleil
une âme-sœur
pour visiter en bonne compagnie
les dessous de la nuit
***
feu rouge ou feu vert
le temps passe impunément
en fermant les yeux
quand il s’arrête
il est trop tard pour reculer
roule ma vie roule
à travers les beaux jours et les orages
je t’attendrai là
où la mort saura me trouver
Edition des Sables 2019 / Collection “Rose des Sables”
Couverture: Ava, Autoportrait à 5 ans
Illustrations: Pierre Estoppey
Contes pour enfants:
A mes petits-enfants Ava et Camille
Les enfants portent la poésie et la font la font vivre partout où ils vont. Ainsi en est-il dans ces petites histoires illustrées par Pierre Estoppey
Le perroquet savant
s’il te plaît maman
achète-moi un perroquet
je l’installerai devant le poste de télévision
pour le tenir éveillé du matin au soir
et resterai en permanence avec lui
pour sa meilleure éducation
j’en ferai un perroquet savant
et pourrai l’envoyer à l’école à ma place
pour que je puisse rester auprès de toi
***
Mes petites histoires
si j’étais un éléphant
je ferais des haltères avec ma trompe
pour qu’elle devienne la plus forte du monde
si j’étais une girafe
je m’achèterais chaque jour un nouveau collier
pour être plus belle qu’une actrice de cinéma
si j’étais une souris
je creuserais un gros trou dans un fromage géant
pour aller me reposer au chaud
mais je ne suis qu’un enfant
qui doit inventer de petites histoires
pour réussir à s’endormir le soir
Edition des Sables 2018 / Collection “Pâté de Sable”
Couverture: Bernard Waeber
Photographie: Dominique Bersier
Poèmes
Aux amis de toujours, Jean-Marie Despond, Alexandre Haas, Jean-Marc Lachat, Raymond Maendly, Denis Pauchard
Ces poèmes courts suffisent à ouvrir de nouveaux paysages et à exprimer en peu de mots le vécu et les pensées d’un homme à l’écoute du monde.
face à face avec mon miroir
match nul aujourd’hui
nous sourions les deux
***
des enfants jouent à la marelle
une vieille dame les regarde
en sautillant sure place
***
à chacun d’entre nous
son couloir de la mort
on peut y vivre heureux
Edition Soleil Blanc 2017
Couverture: Marie-Françoise Waeber
Photographie: Dominique Bersier
Poèmes courts
A mes enfants, Virginie, Céline et Yann
Le temps laisse des traces plus ou moins visibles, de bons et de mauvais souvenirs qui influencent chacun de nous, au présent et au futur. L’occasion nous est donnée ici d’explorer le temps à la lumière d’un imaginaire qui se traduit par des mots.
est-ce vrai qu’après la mort
l’homme devient une femme
et la femme un homme
est-ce un punition
ou une récompense
***
c’est la chanson des morts
la danse lancinante des cloches
dans l’église du village
la souffrance a défait
ses nœuds pour toujours
et plus rien ne retient
le malade à son monde
les hirondelles voltigent
pour un ultime adieu
et cherchent dans le ciel
l’entrée du paradis
***
les aiguilles du temps
tournent autour du monde
en fouettant les heures
les minutes et les secondes
elles égrainent le jour et la nuit
sans s’arrêter un seul instant
et pilonnent de leur tic-tac
tout ce qui refuse d’avancer
Edition Stellamaris 2017
Couverture: Bernard Waeber
Photographie: Dominique Bersier
Poèmes
A Marie-Françoise
Les mots en balade ! Quel plaisir de les suivre dans ces petits voyages à travers la vie et le monde, à la recherche de sens et de chemins cachés. Il ne reste plus qu’à leur donner la main.
les chrysanthèmes d’automne
fleurissent les morts
pour faire plaisir aux vivants
***
et la fourmi continuait à travailler
malgré la pluie et les brindilles
de plus en plus lourdes
et le chemin de plus en plus long
elle se demandait
au bord de l’épuisement
ce qu’un humain ferait à sa place
***
mon pendule oscille entre hier
aujourd’hui et demain
comment savoir si je suis
sur le bon chemin
chaque jour répond
en partie à ma question
chacun à sa façon
Edition Stellamaris 2017
Couverture: Bernard Waeber
Poèmes
A Marie-Françoise
Regarder autour de soi, découvrir les rapports et les contrastes entre les hommes, la nature et les mots, voilà l’essence de ces poèmes qui sont comme de petits clins d’œil à la vie et à la mort. Une invitation de parcourir à petits pas un chemin imagé qui traverse notre monde.
pour un oui pour un nom
pour le pouvoir
pour l’argent
pour la religion
pour un rien
les hommes partent en guerre
le cri de mille sirènes
fait alors moins de bruit
que le pleur brûlant
d’un seul enfant
***
les oiseaux s’envolent de ma tête
avec mes souvenirs
les plus précieux
impossible de les retenir
tant leur nombre a grandi
au fil des années
mais il me suffit de penser à toi
pour retrouver leur nid
***
voici que la nuit compte
ses derniers passants
à la lumière étroite
d’un lampadaire
la lune attend cet instant
pour éveiller des fantômes
dans les vitrines
des magasins
un pas solitaire retentit
comme un raison de vivre
Edition Baudelaire 2017